Voeux 2017: “C’était la dernière séance”
Le 31 décembre dernier, François Hollande a adressé comme chaque année depuis 2012, ses vœux aux Français pour la nouvelle année. Debout, sans un décor solennel semblable à celui de décembre 2015, le chef de l’État a dressé “pour la dernière fois” le bilan de l’année écoulée et s’est exprimé sur les enjeux de l’année à venir.
Les attentats, une nouvelle fois au cœur de son discours
Le discours du Président s’est voulu moins grave et moins formel que celui de 2015, marqué par de nombreux attentats dont celui du 13 novembre. Néanmoins, c’est évidemment sur le sujet du terrorisme que François Hollande a ouvert son discours. Hélas, il ne put être original sur le sujet tant l’année 2016 fut marquée par les attaques. L’affirmation de l’identité française en tant qu’elle est multiple et ouverte sur le monde a été le fil rouge de son allocution. En défendant l’unité de la France, c’est son bilan que le chef de l’Etat défend : il a affirmé ne pas avoir cédé aux amalgames, se plaçant ainsi au-dessus des polémiques et des partis. Il s’affirme (enfin ?) comme garant de la cohésion du pays.
Sa gestuelle souligne la volonté qui est la sienne de défendre son action : les mains sont très utilisées, le regard appuyé, en direction de la caméra. Le réalisateur, Jérôme Rovon, alterne plans larges mettant en avant la stature d’homme d’État de François Hollande, et plans serrés sur lesquels le Président semble grave et s’adresse directement aux Français, rendant par là-même le discours plus personnel, moins froid.
Le vocabulaire utilisé montre l’envie de François Hollande de laisser une trace dans l’histoire : la deuxième personne du pluriel se confond avec la première personne du singulier et du pluriel : “J’ai partagé avec vous des épreuves…”, “un lien indéfectible nous unit”. Le chef de l’État oscille entre passé: “J’ai eu l’immense fierté…” et présent/futur : “jusqu’au dernier jour de mon mandat, je serai pleinement à ma tâche”.
“Il y a dans l’histoire, des périodes où tout peut basculer, nous en vivons une”.
Le dernier tiers de son discours porte sur la politique française et, en particulier, sur les élections de 2017. Sans jamais le citer, François Hollande s’attaque au Front national qui veut revenir au franc, “se recroqueviller derrière des murs”, et discriminer “nos enfants”. Le programme de François Fillon est lui aussi épinglé. Le chef de l’État évoque le “modèle social auquel vous êtes attaché” et cite les domaines de la santé, les services publics et l’école, faisant référence à la volonté de F. Fillon de réduire le nombre de fonctionnaires et de réformer la Sécurité Sociale. Enfin, il s’adresse à la gauche lorsqu’il affirme vouloir éviter “la dispersion pour certaines de nos forces politiques qui entraînerait, d’ailleurs, leurs éliminations”. Le chef de l’État nous met en garde en invoquant la responsabilité qui est la nôtre en tant que citoyens pour les futures échéances. Dans cette partie du discours, il nous convainc par son analyse du jeu politique français.
Le grand renoncement ?
Cependant, dans le domaine de la politique internationale, François Hollande nous convainc beaucoup moins. S’il affirme, au sujet des accords de Paris sur le climat que “La France ne laissera personne ni aucun État remettre en cause cet acquis majeur” faisant implicitement référence à Trump, aucune solution n’est proposée. Il en va de même pour la situation à Alep ou celle des migrants. Le président réaffirme sa condamnation des violations des droits de l’homme mais aucune action n’est ne serait-ce qu’esquissée.
Enfin, sur le front de l’emploi, François Hollande s’est contenté de réaffirmer, comme au début du mois lors de son discours de renoncement, que les résultats arrivent : “plus tard que je ne les avais prévu (…) mais ils sont là”. Regrettons enfin l’absence de propositions sur ce qui était LA priorité du candidat Hollande en 2012 : la jeunesse.
Sofiane Aklouf