Benoit Hamon, en sa qualité de candidat à la primaire de la Belle Alliance Populaire, était l’invité de L’Émission Politique de France 2, passage incontournable pour tous les candidats à l’élection présidentielle.
Questionné par David Pujadas, Léa Salamé et Karim Rissouli, Benoit Hamon a pu ainsi défendre pendant presque deux heures trente son projet présidentiel sur, notamment, l’éducation, la politique étrangère, la santé, l’immigration, l’islam, le terrorisme, l’union de la gauche pour la présidentielle, la capitalisme et le revenu universel.
La prestation de Benoit Hamon est en demie-teinte. Le candidat a effet bien réussi à présenter les grandes lignes de son programme, sur lequel nous allons revenir, et à mettre au clair son positionnement à gauche, allant jusqu’à assumer sa proximité programmatique avec Jean-Luc Mélenchon. En revanche, le candidat a eu du mal à se construire une stature d’homme d’État et a laissé transparaître à l’écran des différentiels conséquents de maîtrise du sujet en fonction des thèmes.
Benoit Hamon a profité de son passage dans L’Émission Politique pour exposer les grandes lignes de son programme, à savoir: le partage du travail (c’est-à-dire l’encouragement du temps partiel), la construction d’un nouvel indicateur de richesse pour en finir avec le « mythe » de la croissance, la fondation d’une VI° République, la mise en place d’un revenu universel, l’extension au lycée de la réforme de l’éducation prioritaire et le recrutement de 20 000 enseignants supplémentaires, la légalisation du cannabis, l’interdiction des perturbateurs endocriniens et, enfin, la réaffirmation du principe constitutionnel de précaution.
Par ailleurs, interrogé sur la question de la primaire de la gauche, Benoit Hamon a appelé une nouvelle fois Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à participer à la primaire de la Belle Alliance Populaire, et aussi déclaré, que malgré son positionnement à gauche du PS, il soutiendrait Manuel Valls si celui-ci gagne la primaire.
Benoit Hamon est globalement paru à l’aise à l’écran et ne s’est pas laissé démonté, ni par les questions des journalistes, ni lors des débats, qui sont dans leur ensemble restés cordiaux, organisés avec trois français de la société civile, puis avec le maire FN de Baucaire Julien Sanchez et enfin avec l’universitaire Gilles Kepel. L’ancien ministre socialiste est dans l’ensemble apparu convaincant et a su faire preuve de beaucoup d’assurance et de technicité sur de nombreux sujets, notamment sur les perturbateurs endocriniens, le cannabis ou encore la remise en cause de la recherche effrénée de croissance.
En revanche, Benoit Hamon a semblé très vague sur des sujets pourtant d’importance, comme la lutte contre le terrorisme et l’islamisme radical ou le financement du revenu universel. L’universitaire Gilles Kepel n’est ainsi pas apparu très convaincu par les explications de Benoit Hamon sur la montée de l’islamisme radical, notamment dans sa ville de Trappes, et avait encore de nombreuses questions à lui poser avant d’être coupé par Léa Salamé et David Pujadas, faute de temps. De même, et ce malgré un temps important consacré à ce sujet, Benoit Hamon a peiné à convaincre, mais surtout à expliquer, comment il allait financer son projet de revenu universel, estimé à plus de 300 milliards d’euros. Les explications furent ainsi assez confuses et contenaient aussi une erreur représentant tout de même 120 milliards d’euros (voir fact-checking ci-dessous), et c’est un François Lenglet assez dubitatif qui a dû clore le sujet. Benoit Hamon a aussi semblé en difficulté sur le bilan à l’éducation de la gauche.
Enfin, il convient de noter, pour illustrer de ce bilan audiovisuel en demie-teinte, que si Benoit Hamon a plus convaincu qu’Arnaud Montebourg lors de son passage dans L’Émission Politique, avec 40% de personnes convaincues par sa prestation et 63% parmi les militants PS (contre 33% et 51% pour Arnaud Montebourg en septembre), Benoit Hamon a revanche réalisé la pire audience de l’histoire de L’Émission Politique et de son ancêtre Des Paroles et Des Actes, avec 1,7 million de téléspectateurs, soit seulement 8% d’audience. À titre de comparaison, Arnaud Montebourg avait réuni en septembre 1,935 million de téléspectateurs, soit 8,9% d’audience et Alain Juppé, pour l’instant le record de L’Émission Politique, avait quant à lui rassemblé en octobre 2,755 millions de téléspectateurs, soit 13,2% d’audience.
Vérité Politique était comme à chaque fois au rendez-vous pour fact-checker en direct les propos tenus pendant l’émission. Retrouvez sur ce lien nos résultats ainsi que les sources de notre fact-checking: lep-b-hamon.