Hier, le jeudi 3 novembre 2016, a eu lieu le deuxième débat de la primaire de la droite et du centre.
Le débat, se déroulant dans la salle Wagram à Paris, a porté principalement sur l’immigration, la justice, la sécurité (délinquance et terrorisme), la façon de gouverner (parité, mandat unique, modification de la Constitution, ouverture au centre, ni-ni) ou encore l’éducation. On regrettera cependant, que faute de temps, le thème de l’éducation a été un peu bâclé, tandis que le thème de l’Europe, pourtant sur le papier, n’a pas pu être véritablement abordé.
Les échanges entre les 7 candidats furent beaucoup plus vivants et offensifs, mais aussi plus acerbes que lors du premier débat. Les propositions misent en avant par les 7 candidats étaient moins consensuelles que lors du premier débat. De même, les candidats n’ont pas hésité à s’envoyer de nombreuses piques personnelles, en particulier contre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, favoris des sondages. Peut-être un clin d’oeil à l’histoire de la salle Wagram, qui autrefois accueillait des matchs de boxes !
Ce deuxième débat s’est aussi distingué par un brin d’humour, pas forcément volontaire d’ailleurs. Chose assez rare dans ce genre de contexte, la salle a ri plusieurs fois aux éclats du fait des lapsus entre François Baroin et François Bayrou, en particulier lorsque Jean-François Copé a fait ce même lapsus quelques secondes à peine après s’être moqué des lapsus de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Jean-François Copé a par ailleurs fait allusion au fameux pain au chocolat, qui ne cesse de suivre son parcours politique, déclenchant le rire de la salle.
Plus sérieusement, si l’on regarde la prestation de chaque candidat, Alain Juppé semble le grand gagnant de ce débat. Il est resté très digne tout au long du débat et a été relativement épargné par les attaques de ses concurrents, qui se sont plutôt concentrés sur Nicolas Sarkozy. Alain Juppé a donc maintenu la stratégie qu’il a élaborée pour la primaire, à savoir ne pas prendre de risque pour ne pas se compromettre et maintenir son avance. Ce fut plutôt réussi hier soir.
Nicolas Sarkozy fût quant à lui la cible de la plupart des attaques, en particulier de la part de Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire. Il a su y répondre avec une bonne répartie et en restant calme, notamment en mettant en avant l’argument selon lequel en tant qu’ancien Président de la République, il est nécessairement le plus expérimenté pour l’être à nouveau en 2017. En revanche, il a échoué dans sa tentative de déstabilisation d’Alain Juppé, en particulier au sujet de François Bayrou.
François Fillon, bien qu’assez discret hier comparé au précédent débat, a adopté une posture digne en refusant les débats « politiciens » et en souhaitant parler des « programmes ». Sa discretion lui a au moins permis d’éviter d’être attaqué par ses concurrents. On peut dire que sa prestation fût réussie.
Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire ont quant à eux choisi la stratégie de l’attaque. Ils étaient en effet très agressifs hier soir, n’hésitant pas à couper leurs adversaires pour envoyer une pique. Ils étaient ainsi au centre du débat et ont assumé leurs propositions iconoclastes, en particulier NKM qui se dit représenter l’aile gauche de la droite. En revanche Bruno Le Maire a eu du mal, comme lors du débat précédent, à représenter cette image de « renouveau » qu’il veut tant se donner. Cela explique peut-être ses difficultés dans les sondages depuis quelques semaines: il s’est fait dépasser par François Fillon comme troisième homme.
Jean-François Copé a essayé de mélanger humour et attaque pour défendre sa « droite décomplexée ». Malgré ses attaques et un humour pas toujours hilarant (« Une France décomplexée c’est une France qui remonte à cheval. Comme Zorro »), Jean-François Copé a cependant eu du mal à imposer sa marque dans ce débat, notamment sur l’éducation où il s’est même pris une pique de la part de Laurence Ferrari.
Jean-Frédéric Poisson a quant à lui carrément loupé ce débat par rapport à sa bonne prestation du premier débat. Tout d’abord, il a très mal géré son temps car il s’est mis en retrait et était ainsi toujours en retard par rapport aux autres candidats. Il a semblé mal à l’aise tout au long du débat, et en particulier pour justifier ses deux rencontres avec Bachar-Al-Assad ou sa proximité avec le FN, et ses attaques, par exemple contre Nathalie Kosciusko-Morizet n’ont guère fait mouche.
Vérité Politique s’est bien évidement mobilisé pour fact-checker en direct les propos des 7 candidats. De nombreuses intox ont été débitées, que vous pouvez consulter ici: debat-primaire-de-la-droite-311.