La culture est-elle de gauche ou de droite ? S’il est impossible de répondre objectivement à une telle question, Les Républicains ont cependant passé la matinée entière du 9 juin 2016 à défendre leur projet culturel, martelant sans relâche qu’on peut être de droite et avoir un vrai projet culturel. On pourrait ainsi résumer l’ensemble du message que Les Républicains ont essayé de transmettre par cette phrase de Nicolas Sarkozy: « la culture chez nous Les Républicains est au coeur de notre projet ». Pendant plus de quatre heures, dans le cadre de la journée de travail des Républicains sur la Culture, la Création, le Patrimoine et la Communication, une vingtaine d’intervenants dont Nicolas Sarkozy sont venus faire leurs constats et leurs propositions sur la culture en vue de préparer « l’alternance » de 2017. Vérité Politique était présent toute la matinée et vous résume ce qui a été dit.
« La culture est la réponse à la crise, à la crise d’identité mais aussi à la crise économique », estime Nicolas Sarkozy, qui fait ainsi un lien direct entre son discours du 8 juin 2016 à Lille sur l’identité française et son discours de cloture de cette journée de travail sur la culture. Il a ainsi défendu la place de la culture en France – « pour vivre un être un humain a besoin de se nourrir, de boire et de se cultiver » -, et dans le monde, refusant ainsi un « monde [culturellement] aplati », mais aussi son propre bilan en matière de politique culturelle (Beaubourg Metz, initiation du Louvre à Lens et de la Philharmonie de Paris, respect du 1% culturel et maintien du budget de la culture, taux de TVA réduit sur le livre) face à un François Hollande qu’il accuse d’avoir « massacré » la culture (budget de la culture descendu à 0,83% du PIB). Les attaques sur François Hollande ont en effet ponctué tout le discours, menant Nicolas Sarkozy à la conclusion que si « pendant des décennies la culture a été le monopole de la gauche […], aujourd’hui l’avenir d’une politique culturelle ambitieuse passe par la droite, elle ne passe plus par la gauche».
Après les critiques de la politique culturelle de François Hollande et la défense de son propre bilan, Nicolas Sarkozy a fait le tableau d’une culture au service de l’économie, car il n’y a « aucun complexe à évoquer la culture dans une dimension économique ». Et pour prouver que la culture est une aubaine économique et un investissement sur le long terme, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à comparer modestement sa politique culturelle à celle de… Louis XIV et son palais de Versailles: « Quand Louis XIV a voulu Versailles, il y a beaucoup de gens qui ont dit ‘on n’a pas les moyens, il va ruiner la France’, mais aujourd’hui, Versailles avec ses 7 millions de visiteurs depuis des années, c’est une richesse ou c’est un problème ? ».
Plus concrètement Nicolas Sarkozy a dressé l’ébauche d’un volet culture pour un programme présidentiel (mais chut, il n’est pas encore candidat), que Vérité Politique vous résume ici:
- Accroitre la place de la culture à l’école: « l’école doit faire partager l’émotion artistique […] pour ensuite remplir les musées, les théâtres, les opéras», tandis que le périscolaire doit s’occuper des « génies ».
- Valoriser le mécénat privé dans le domaine artistique.
- Maintenir un taux de TVA plus faible pour le livre les biens culturels et mettre en place un dispositif fiscal spécifique pour les commerces et les établissements culturels.
- Ouvrir une filiale du Musée d’Orsay au Havre, sur le modèle du Louvre à Lens et de Beaubourg Metz.
- Préserver les crédits du CNC et créer sur le même modèle un Centre National de la Musique.
- Défendre le statut des intermittents tout en limitant les abus: « je veux redire notre attachement au principe d’un statut des intermittents du spectacle ».
- Continuer la politique mise en place dans son précédent mandat de diminution de la publicité sur les chaînes publiques, pour ne plus subir « la contrainte de l’audimat » et avoir des chaînes publiques « différenciées » des autres chaînes car proposant des programme qu’on ne peut voir « nulle part ailleurs ». La diminution de la publicité serait compensée en autorisant les chaînes publiques à investir plus dans la production indépendante avec prise de capital.
- Augmenter la part de spectacles vivants (théâtre, danse, opéra, etc) dans l’audiovisuel public.
- Maintien d’une politique de quota de musiques et de films en français dans les industries concernées: « nous ne cèderons pas sur les quotas [car] l’hyperconcurrence tue la diversité ».
- Mieux définir et répartir les compétences culturelles entre l’État et les collectivités.
- Revoir le mode de nomination des dirigeants des établissements de l’audiovisuel public (actuellement géré par le CSA) pour qu’il soit « vraiment » indépendant: « les commissions culturelles de l’Assemblée Nationale et du Sénat [voteront] à la majorité qualifiée ».
- Défense du droit d’auteur: « refuser le droit d’auteur, c’est accepter l’idée du vol et de l’asservissement ! […] Le gratuit c’est le refus de la culture de l’effort », Nicolas Sarkozy visant en particulier les site de streaming gratuit.
- Lancer un grand programme de numérisation des oeuvres françaises.
- Doubler le financement de l’entretien et de la valorisation du patrimoine d’ici 2020, pour qu’il atteigne 1,5 milliards d’euros.
- Faire avec la Française des Jeux un loto spécial « Journées du Patrimoine » dont les recettes serviront à sauvegarder le patrimoine.
- Faire contribuer les géants du net à la production de biens culturels.
- Créer une « BBC à la française » pour l’audiovisuel public français, c’est à dire créer une « holding » rassemblant Radio France, l’INA, France Médias Monde et France Télévision.
Antoine Desachy