Cela fait maintenant une semaine que les révélations des Panama Papers font la une des médias.
Avec des informations dévoilées au compte-goutte pour permettre leur assimilation, mais aussi dans un but lucratif en stimulant leurs ventes sur plusieurs semaines, Le Monde et l’équipe de Cash Investigation présentent un travail de recherche qui s’étale sur plusieurs mois d’enquêtes et d’analyses. Au total, 11,5 millions de fichiers ont été épluchés par 108 rédactions coordonnées par le Consortium International des Journalistes d’Investigation.
Alors que ces documents surnommés ‘’Panama Papers’’ révèlent les montages offshores de milliers de personnes, dont des milliardaires, des sportifs, des célébrités ou encore des personnalités recherchées par les instances internationales, nous allons nous concentrer sur les retombées politiques et plus précisément en France.
Tout d’abord, le nom d’un parti politique est apparu dans cette affaire : le Front National.
La réaction de Marine Le Pen et de son entourage consiste à minimiser le poids des révélations des Panama Papers. Selon eux rien de nouveau n’est apparu concernant la fraude fiscale, ce qui conduit la Présidente du parti à déclarer :
«Les activités mises au jour de cette société panaméenne, une parmi probablement des centaines voire des milliers d’autres, n’étonneront donc que ceux qui ont cru au mythe de la mondialisation heureuse»
C’est pourtant grâce à ce mythe qu’un proche de Marine Le Pen et du FN, Frédéric Chatillon, a pu se soustraire à la fiscalité française. Le fondateur même du parti, Jean-Marie Le Pen, dont les membres du Front National ont rappelé dès l’apparition de son nom dans les Panama Papers qu’il en avait été exclu, aurait créé une société offshore pour cacher aux yeux du fisc près de 2,2 millions d’euros sous forme de billets de banques, lingots et pièces d’or.
Le Front National et ses ténors ont évidemment très vite réagi en mettant des barrières lui entre les personnes impliquées directement. Le parti peut être légitimement soupçonné de s’être senti concerné avant même que les informations soient révélées. En effet, alors que Le Monde annonçait que le nom d’un « grand parti français » ressortait dans les Panama Papers, le FN avait déjà fait savoir dans un communiqué de presse qu’il mettait « …solennellement en garde ceux qui parmi la presse seraient tentés de relayer des rumeurs amalgamant le Front National et sa présidente au scandale dit des Panama Papers ».
Mais le Front National n’est pas le seul acteur politique à se retrouver éclaboussé par le scandale des Panama Papers.
Nous sommes donc stupéfaits de découvrir que des noms comme Cahuzac ou bien Balkany figurent dans les documents des Panama Papers. Ainsi celui qui un jour a présenté un plan de lutte contre la fraude fiscale a mis en place un montage complexe entre le Panama, les Seychelles, les îles Samoa et Singapour pour dissimuler de l’argent au fisc français. Pour les Balkany, le système est tellement opaque, que la société Mossack Fonseca n’a été au courant que le couple et leur ami Jean-Pierre Aubry détenait une société offshore chez elle, que lorsqu’elle a reçu la notification de l’ouverture d’une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale par le fisc panaméen à la demande du parquet de Paris.
A cette affaire, la réaction du gouvernement ne s’est pas fait attendre. Alors que d’un côté François Hollande se félicite d’une nouvelle rentrée d’argent pour l’Etat français et affirme qu’il faut s’assurer de la protection des lanceurs d’alerte (contrairement à ce qu’il pensait concernant Julian Assange), Michel Sapin a assuré lors de l’émission Cash Investigation, que la Société Générale serait auditionnée pour expliquer sa présence dans ses fichiers et que le Panama figurerait prochainement dans la liste des paradis fiscaux ‘’non coopératifs’’. Ne vous inquiétez pas, nous serons les premiers à vérifier si ses promesses sont bien tenues.
Bien-sûr, la France n’est pas le seul pays où la classe politique est affectée par ‘’l’optimisation’’ et la fraude fiscale. Le Premier Ministre islandais, qui a par ailleurs quitté sa fonction suite aux pressions de la rue, mais également David Cameron ou encore la famille royale espagnole, pour ne rester que dans nos milieux démocratiques occidentaux, se sont vus éclaboussés par ces révélations.
Certains justifient ces actes par une question d’opportunité. Si celui qui vole un stylo au bureau avait été dans la même position qu’un Jean-Marie Le Pen ou qu’un Lionel Messi, alors il se serait passé exactement la même chose. Outre le fait de justifier la corruption à tous les niveaux, ce raisonnement ne peut justifier l’immobilisme face à cette pratique. Ce n’est pas parce que tout le monde le ferait que ce serait normal. Des mesures qui vont de l’élargissement de la liste des pays considérés comme des paradis fiscaux (où le Panama ne figure plus aujourd’hui) à l’harmonisation fiscale du plus grand nombre de pays possible, doivent être mises en œuvre. Si des journalistes provenant de 78 pays peuvent œuvrer ensemble pour transmettre des informations, nous pouvons rêver à ce que ces mêmes pays puissent se coordonner pour mettre en place des mesures fiscales communes.
Les sources:
Article du Monde sur Jean-Marie Le Pen
Article du Figaro sur la réaction du Front National
Article du Monde sur les français dans les Panama Papers
Communiqué de Presse du Front National
Petit plus:
Vous voulez plus d’infos sur les différents scénarios auxquels ont été confrontés les plus riches de ce monde ou vous voulez tout simplement passez le temps ? Alors Le Monde vous a concocté un petit jeu de simulation qui devrait vous plaire !
Sinon, vous pouvez aussi signer la pétition pour des mesures européennes en termes de lutte contre la fraude fiscale.